Plaidoyer pour la compliance
- cecileamado
- 10 sept. 2021
- 3 min de lecture

À tous ceux qui doutent encore de la pertinence d’une fonction compliance au sein de leur entreprise, il est temps de faire évoluer ce regard et de tordre le cou aux préjugés…
En cette journée de lutte internationale contre la corruption, je voudrais vous faire part de ma vision de la compliance car, contrairement à une idée encore trop répandue, non, la compliance n’est pas « juste une fonction en plus qui fait perdre du temps et du business ».
C’est même tout l’inverse.
Tout d’abord, compliance rime avec appartenance
A l’heure où il est critique de recruter et retenir des talents, et où la jeune génération est exigeante sur les valeurs défendues par l’entreprise qu’elle décidera de rejoindre, ce sujet, s’il est de plus en plus un point d’attention pour les candidats, doit tout naturellement l’être a fortiori pour les entreprises.
En outre, pour les salariés investis dans leur travail, le fait de se savoir tous reliés au sein d’une entreprise autour d’un socle commun constitué par le code de conduite et des valeurs partagées, non seulement prônées, mais surtout incarnées par sa direction générale, crée un sentiment d’appartenance très fort et davantage de cohésion d’équipe. On ne le dira jamais assez, mais le « tone at the top » est essentiel pour créer ce sentiment d’appartenance et embarquer les équipes.
Ensuite, compliance rime avec confiance
La réalisation de la cartographie des risques permet, en interne, une meilleure connaissance des processus de l’entreprise et une réelle introspection afin d’identifier ses atouts en même temps que ses risques et ses axes d’amélioration. Elle est l’occasion de davantage de synergies et de transversalité au sein de l’organisation et doit être aussi le levier d’une confiance réciproque accrue en interne. La compliance n’est pas là pour juger mais pour aider à faire mieux.
Vis-à-vis des acteurs extérieurs également, la compliance nous oblige à bien connaître nos clients, nos fournisseurs et l’ensemble de nos parties prenantes ne serait-ce qu’à travers les diligences des tiers dans le cadre de Sapin 2 ou du devoir de vigilance, et de les choisir – aussi !- en fonction d’un socle de valeurs partagées, tel que le code de conduite qui est parfois décliné en version « fournisseurs ». Par cet effet boule de neige, l’entreprise contribue ainsi à la diffusion de la compliance comme d’un véritable état d’esprit, ce « mindset » au-delà de son périmètre propre, à un véritable changement de culture et à un climat de confiance pérenne au sein de son écosystème.
Compliance rime également avec gouvernance
La compliance est un processus d’amélioration continue et elle est par nature transverse. Elle suppose la mise en œuvre d’une gouvernance spécifique qui la rende visible et la soutienne dans sa démarche au sein de l’organisation.
Par ailleurs, les compliance officers sont probablement les personnes qui connaissent le mieux l’entreprise car ils en étudient tous les processus, en ont identifié les failles comme les atouts. Pourquoi ne pas s’appuyer sur cette connaissance et leur positionnement nécessairement transverse et recueillir leurs recommandations pour améliorer l’organisation et la gouvernance de l’entreprise ?
C’est dire si la compliance revêt un caractère stratégique. Il est donc capital que les entreprises l’intègrent le plus en amont possible dans les projets, dans une approche « compliance by design » à laquelle nous sommes nombreux à croire.
Enfin, compliance rime avec performance
La compliance nous pousse à des démarches plus vertueuses et c’est heureux : gagner un marché parce que l’on aura innové ou amélioré la qualité de nos produits est plus gratifiant (et beaucoup moins risqué) que de le gagner parce qu’on aura corrompu !
Certes, la compliance nous pousse à être meilleurs et à transformer les contraintes en opportunités : pour s’améliorer, pour innover, pour conquérir de nouveaux marchés. Se remettre en question, sortir de sa zone de confort, pour être plus performant. Mais ce qui est important aujourd’hui, ce n’est pas tant la réussite d’une entreprise mais la manière dont elle a réussi, son image de marque, car le préjudice réputationnel est au moins aussi critique que le préjudice financier : la réputation se bâtit sur des années et peut être détruite en un jour. Par ailleurs, bien que la compliance s’inscrive plutôt dans une stratégie de long terme, on peut toujours identifier des « quick wins » pour aider à adopter la démarche.
Enfin, bien intégrée au business, la compliance ne doit pas être considérée comme un centre de coûts mais au contraire comme un outil de création de valeur car elle permet d'identifier des poches d'économies, des opportunités de gains ou de synergies et constitue un levier puissant dans le développement de l'image et de la réputation de l'entreprise.
Pour toutes ces raisons, loin d’être un frein, la compliance est un enjeu de compétitivité et de réputation. La compliance crée de la valeur. La compliance est une chance !
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